Epilogue
Comment vous dire? Comment vous l'expliquer? Comment savoir si je ne vais pas me tromper? Après un mois et demi d'absence, de silence, reviendrais-je pour vous annoncer que Vroumvroum s'arrête ici?
Quand on remonte aux origines de ce blog, on se souvient qu'il est celui d'une célibataire un peu désespérée, une piétonne convaincue, une navetteuse heureuse qui prônait haut et fort la vie en rose. Isolée dans une bulle gonflée de rêves, j'évitais de me frotter au monde de peur de la voir éclater. Et malgré que je fus bien entourée, je me sentais seule comme la dernière saucisse zwan de l'apéro : celle que personne n'ose prendre. Alors, après une prière déchirante adressée au Bon Dieu pour que - non di dju! - il envoie enfin un type bien sur mon chemin, j'ai attendu... Pas très longtemps, finalement ; car quelques articles plus loin, on sentait déjà un petit air de changement. Vroumvroum avait déjà une petite héroïne, il ne manquait que le héros : Monsieur Parfait, le numéro 14, la voix drôle des Perles. David est arrivé et ma vie a changé. Une grande vague de bonheur envahit soudain le blog : les rêves se réalisaient, les prophéties de Maman s'accomplissaient, les déclarations d'amour pleuvaient sans aucune pudeur. Mais comme dans la vie on ne peut jamais être tranquille, il y eut cet événement capital, ce choc sans précédent : Maryse dans le monde adulte. Pas bien préparée, pas assez avertie, pas très forte non plus pour résister. J'ai quitté le doux cocon familial des Colson pour m'élancer vers l'inconnu... La jolie bulle irisée de l'enfance s'érafla à la réalité et éclata, me laissant les deux pieds bien à plat sur terre, la tête perdue dans un nuage de questions. A quoi je sers? A quoi je peux encore rêver? A quel point tu m'aimes? Maintenant je me rappelle qu'on m'a donné des réponses, mais alors je ne les voyais pas. Et même si la chaleur venait d'ici (en décembre puis en février) et de là, je ne me souviens pas avoir vécu un hiver aussi long, un hiver aussi froid. Une flopée d'articles furent effacés : par qui avaient-ils été écrits, d'ailleurs, ces mots pleins de tristesse, de doute, ces mots anorexiques, affamés de tendresse? Pas par moi. Il fallut attendre Pâques pour retrouver la vrai Maryse, celle qui mord dans la vie à pleines dents, qui aime sans limite, qui se sait indestructible parfois. "Le bonheur, c'est avoir quelqu'un à perdre" a dit Philippe Delerme. Rien n'est plus vrai. Mais j'ai envie d'ajouter : quelqu'un avec qui on traverse des épreuves, avec qui on vit des moments intenses, des moments de silence. Et après y avoir bien pensé, je crois que la meilleure façon de le garder, c'est de ne pas se perdre, soi. Devenir une belle fille au volant d'une belle voiture n'était finalement pas un fantasme : juste un prétexte pour arriver jusqu'ici.
C'est une belle histoire, mais elle n'est pas finie. Comme un conte de fées se termine quand le Prince emmène sa Princesse, Vroumvroum gardera secret le reste de l'histoire : les beaux projets que l'on se dessine, les mots d'amour que l'on imprime, les grands moments que je nous prédestine, les ventres ronds que je m'imagine. Tout ça, j'ai envie de le garder pour moi. Certains bonheurs ne se racontent pas.
Pour vivre heureux, vivons cachés. Alors, si vous me le permettez, je vais vite me cacher.