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Je ne serai jamais une belle fille au volant d'une belle voiture
3 février 2010

La part de rose

1image_femme08_mini« Ca n’existe pas, les Princesses ». C’est ce que David a dit à son filleul qui lui montrait un livre racontant l’histoire de Cendrillon. En disant cela, il a souri d’un drôle de sourire, entendu et insondable. Dire que les Princesses n’existent pas, c’est comme décréter que la Terre est triangulaire, que Georges Clooney est gay ou que Princesse Tamtam est en faillite. Pourtant, j’ai soudain pris conscience à cet instant que David avait raison et que Cendrillon, la Belle et Blanche-Neige ne sont que des attrape-nigaudes et leurs histoires de grosses supercheries.

On raconte aux petites filles qu’ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Ce qu’on oublie sciemment de leur dire, c’est qu’après le mariage et la lune de miel, il y eut la mesquinerie du quotidien, les mains abîmées par les nombreuses vaisselles et le linge sale à laver en famille. La vie est l’exact contraire des contes de fées : Cendrillon fait les corvées ménagères avant de rencontrer le Prince, les vraies femmes les font après. L’important, me direz-vous, c’est quand même de l’avoir rencontré, le Prince ! Bien sûr, mais il a intérêt à être vachement charmant pour que les Princesses qui sommeillent en nous ne s’endorment pas trop vite.

Il est amusant de voir – et un peu triste sûrement – comme notre regard sur la vie change en grandissant. Le souci, quand on grandit, ce n’est pas de vieillir, c’est de s’aigrir. Chaque grande conviction existentielle appelle sa petite déception personnelle. La vie vous endurcit par quelques coups bas et un jour, vous vous surprenez à être raisonnable, mesurée et philosophe alors que vous étiez enthousiaste, excessive et spontanée. Parfois, quand je me penche sur moi (comment fait-on pour se pencher sur soi-même ? je ne sais pas, je suppose que cela demande un brin de souplesse…), la part de rose me semble toute petite : un jour elle m’éblouit, le lendemain elle rétrécit. Je croyais pouvoir garder mes lunettes arc-en-ciel longtemps sur le bout de mon nez, je croyais que j’allais toujours marcher d’un pas sautillant et réaliser chacun de mes rêves. Je pensais surtout que je n’allais jamais cesser de faire sourire la vie des autres, de bouleverser leur quotidien, de partager avec eux ce que ma Bonne Etoile m’a offert. En fin de rhéto, ma prof de grec m’a écrit une petite dédicace sous une phrase d’Antigone : « Cette phrase te va si bien, Maryse ». Et le vers de Sophocle disait Je ne suis pas faite pour haïr, mais pour aimer.


Alors oui, je vais continuer à mettre du rose dans la vie des autres, qu’ils le veuillent ou non : on a tous besoin, un jour ou l’autre, d’un morceau d’ouate pour éponger une plaie. Je me dis souvent que si, d’une ou l’autre façon, on parvient à rendre quelqu’un heureux, alors c’est qu’on n’est pas inutile sur cette planète. Et peu importe les obstacles que le Grand Balancier Cosmique mettra sur ma route, il y aura toujours bien une part de rose en moi : un cœur qui bat.

 

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Commentaires
V
La photo est géniale et la forme "attrape-nigaude" est super ! :-)
W
J'hésite quant à mon commentaire, il sera <br /> * soit peu constructif : Wow<br /> * soit constitué par un seul mot : époustouflant!<br /> <br /> Merci Maryse d'écrire ces belles choses.... <br /> Bisouilles
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