De l'utilité des hommes

Au tout début du printemps, il semblerait que toute la presse féminine nous conseille unanimement de ... de ... MAIGRIR. Le Biba, le Cosmo, le Marie-Claire et le Flair l'Hebdo sont tous d'accord sur ce point : j'ai quelques kilos en trop et je devrais les perdre dare-dare avant qu'il soit l'heure d'enfiler le bikini. Cette année, la grande mode, c'est de me faire perdre du poids en fonction de la nature émotionnelle de mes bourlets. Explication : je mange trop quand je suis avec mon amoureux? Menu protéiné. Je me rue sur la nourriture dans mes moments de solitude ou de tristesse? Option légumes et fruits. Je bouffe compulsivement sous l'effet du stress? Attitude fruits secs et soupe au chou. En y réfléchissant bien, quand je pense à la mozzarella gratinée sur les rigatoni al forno du dîner en amoureux, quand je me souviens des oeufs en chocolat engloutis pendant que Dave était à Manchester, quand je me rappelle la gaufre engouffrée après le coup de téléphone de ma directrice de thèse, sans compter l'alcool avalé avec les copines, j'accumule les kilos d'amour, les kilos-chagrin, les kilos de stress et les kilos-confort. Autant le dire tout de suite donc : je suis un cas désespéré qui n'a plus qu'à boire de la soupe au chou le matin et savourer (hem!) du céleri cru au coucher. 

Une reine d'Angleterre a dit un jour : "On n'est jamais assez riche ni jamais assez mince". Une autre célébrité dont je ne me souviens plus très bien a aussi déclaré : "Je mincis jusqu'à ce que mon fiancé me dise stop". Une idée pas si bête finalement puisque (1) les femmes ont davantage tendance à s'aimer comme elles sont lorsqu'elles savent qu'elles plaisent à l'être aimé ET (2) que les hommes n'aiment généralement ni les maigres ni les obèses mais les femmes normales. Logique!

Houuuu! J'entends déjà les féministes s'insurger. Mais réfléchissez bien : les hommes sont loin d'être sots. Il faut être drôlement couillu ou fameusement c** pour dire à sa chère et tendre qu'elle commence à ressembler à un cachalot. Par contre, dire "Bébé, t'as beaucoup minci, c'est cool, mais arrête maintenant. T'es belle comme ça" (sous-entendu : si tu continues à fondre, je vais pouvoir jouer la 9e symphonie de Beethoven sur tes côtes), c'est presque flatteur et même salvateur (j'en connais certaines qui ont ainsi échappé à l'allure Auschwitz grâce à leur amoureux).

En conclusion, Mesdames, ne croyez pas trop le Gael qui fustige vos kilos (imaginaires?) ; fiez-vous plutôt à deux étalons de choc : le vieux blue jeans dans lequel vous rentriez il y a dix ans et... ben, justement, le bel étalon qui squatte votre salon!