Le rugbyman, le footballeur et le Bonheur
Les fans de Florence Foresti le savent : les filles aiment boire de l'eau chaude avec des plantes dedans. Les garçons aussi, parfois, mais alors c'est qu'ils ont viré leur cuti. Qu'ils ont viré tribord. Qu'ils sont gay, quoi. Bref.
Samedi dernier, tout en prenant une tasse de thé, Amandine et moi discutions de ce dont parlent généralement les filles : des garçons, des garçons et - laissez moi réfléchir... - des garçons. En l'occurrence, ce soir-là, il n'y en avait que deux qui retenaient notre attention (le "sien" et le "mien") et encore n'étaient-ils nommés qu'en sourdine, qu'en de ouateux murmures tant ils nous semblaient improbables. A partir de quand les sms masculins deviennent des signaux de parade nuptiale? (se demandait Amandine). Est-ce qu'une étreinte éthylique peut être réelle? (me tarabiscotais-je).
De question en question, de gorgée en gorgée, nous en sommes venues à considérer les études, la potentielle carrière, les éventuels bébés, le lave-vaisselle et enfin, le Bonheur lui-même, la capacité d'être heureux et l'accessibilité des rêves. Et nous avons trouvé la réponse : oui, on peut et même on doit rêver. L'être humain a besoin d'émulation, de projets et d'idéaux pour avancer. Mais c'est de lui que doit venir le déclic et l'ambition : inutile de vouloir ce à quoi on ne se donne pas les moyens de parvenir.
Pour gagner un concours, il faut s'y inscrire. Pour réussir, il faut travailler. Pour être reconnu, il faut se faire connaître... Pour être engagé, il faut envoyer son CV. Pour pouponner, il faut s'envoyer en l'air.
Et parfois, il faut ne pas s'inquiéter des sentiments des autres et savourer mot à mot les sms d'un rugby-man.
Et parfois, il faut un peu s'attarder sur la joue du garçon et il faut boire un verre en trop pour trouver le courage.
Il faut se bouger les fesses, provoquer la chance et saisir la grâce quand elle passe.
Avec Amandine, nous avons trinqué à cette découverte en nous promettant de réaliser nos beaux rêves accessibles.
La suite de l'histoire? Je ne sais pas si Amandine a reçu d'autres messages significatifs, avec qui elle ira au bal de Noël, si elle perdra sa pantoufle de vair et si Il la lui rapportera. Mystère. Par contre, je sais que, même si l'excès d'alcool nuit à la santé, il peut aussi provoquer de petits miracles. Certaines étreintes, aussi éthyliques soient-elles, sont parfois bien réelles